18 jours en néonatalogie ont succédés à 4 jours en maternité. Quand le séjour à hôpital se transforme en parcours du combattant.
— LE PARCOURS DU COMBATANT–
Après les 3 dernières années que nous avons subies (voir mon article sur ma PMA), nous avions espéré que la fin de cette grossesse se déroule sous un meilleur jour.
Nous partions, stressés, à l’énième rdv échographie ce lundi 12 octobre 2020, et nous avions nos raisons. Mon placenta ne faisait plus le boulot, et notre petit bébé restait tout petit. De plus, sa courbe de croissance se dégradait. Je savais que charger la voiture avec tous les bagages pour la naissance n’était pas une mauvaise idée. Aussitôt l’écho passée, aussitôt hospitalisée (c’est l’avantage de se faire suivre dans un hôpital, mère enfant qui plus est).
Le service grossesse pathologique, c’est le cocon pour les mamans. Ma chambre était immense, le personnel hospitalier était au petit soin et j’avais même le droit à un goûter à 16h. Je n’étais pas avec mes 2 hommes, ils me manquaient énormément, mais les infirmières étaient là pour m’écouter, rire et me consoler…
Puis, le soir du jeudi 15 octobre, la nouvelle tombe : la dernière écho n’était pas bonne. Le lendemain, vendredi 16 octobre, bébé entamant sa 37ème semaine, nous procédons à une césarienne !
Tout se passe bien, à part mon aversion pour la morphine. Petit L. pointe le bout de son nez à 9h39, pèse 2.180, mesure 44 cm. Il crie, papa est ému, moi aussi. Mon homme part s’occuper de lui pendant 3 longues heures, 3 heures où de mon côté je me démène à activer mes jambes au plus vite, clef des retrouvailles avec mon nouvel amour !
— LA RENCONTRE —
Dès que je t’ai rencontré, mon cœur t’a immédiatement fait une nouvelle place. Par chance, il est extensible, mais il est aussi très sensible. Que tu es beau, qu’ils sont beaux tous les deux. Notre grand E. est chez les grands parents, nous ne serons que tous les trois, mon homme mon bébé et moi, dans notre chambre d’hôpital pendant trois nuits… Enfin ça, c’est ce qui était écrit sur le papier, la réalité fut tout autre.
Tu quittes ta couveuse, mon petit guerrier, pour te lover dans un berceau chauffé. Mission « gérer sa température tout seul » accomplie, tu obtiens le graal du berceau normal. Tu es si petit mais si joli. Ma main dans la tienne, on se dit que les plus belles choses sont parfois si simples (merci papa pour l’inspiration). On te surveille comme l’huile sur le feu, glycémie, température, perte de poids, quantité de lait ingurgité et régurgité…
— TOUT BASCULE —
D’un seul coup, comme la bourrasque qui fait s’envoler le tas de feuille douloureusement entassé, on nous annonce la néonatalogie. Après avoir passé 4 jours à nous battre avec les sages-Femmes, les aides-soignantes, les pédiatres… à essayer de prouver que tu ne tètes pas de toi-même, que c’est ton papa et moi qui te faisons couler du lait tant que faire se peut… qu’il faut arrêter de te stimuler en te broyant les cotes car ça te fait mal et que tu es faible… On ne nous pousse plus vers la sortie mais vers ce que tu aurais dû avoir dès ta venue au monde : des soins adaptés !
Enfin, une auxiliaire a écouté nos pleures et a alerté le personnel sur ton cas. Je m’en veux de te pas avoir tapé du poing sur la table plus tôt ! Je suis en colère de m’être sentie minable quand une des anciennes sages-femmes m’a fait croire que c’était de ma faute car, soi-disant, je ne levais pas assez ton menton pendant la tétée (si seulement ça n’avait été que ça…). Comment ai-je pu me retenir d’éjecter de ma chambre celles qui t’ont broyé les côtes pour te faire téter 5 ml et, qui plus est, nous annonçaient que nous sortions le lendemain.
Tu n’as pas eu de chance, tu es né à 37 semaines, la limite pour les préma, et tu faisais plus de 2 kg. 1 jour avant et 100g de moins tu serais allé directement en néonatalogie et ton histoire aurait été tout autre. La maternité, c’est bien pour les bébés « normaux » et pour le soin des mamans, pas pour des choupinous comme toi qui sortent trop tôt.
— UN NOUVEAU DEPART, UNE NOUVELLE CHAMBRE —
La néonatalogie c’est un endroit où toutes les bonnes fées sont réunies. Il t’aura fallut 3 semaines : une pour te remettre de cette mauvaise aventure et surtout reprendre les forces que tu avais perdues. Une deuxième pour constater les dégâts, t’apprendre la succion, effectuer ECG, électroencéphalogramme, multiples prises de sang, tests génétiques, échographies, radio du squelette et faire quelques malaises quand tu régurgitais (on n’a pas trop aimé tes petites blagues, ni le médecin d’ailleurs)… Et finalement, la troisième et dernière semaine pour faire tes preuves, téter des biberons de 50 ml et prendre 600g.
— NOS BONNES FEES —
Après tout ça, il a fallu partir du cocon néonatalogie. Tellement d’affaires accumulées et une vie de 3 semaines à ranger en 1h. Nous avons dit aurevoir, non sans larmes.
Il y a Marie, qui nous a accueillis, rassurés, consolés pendant tout ce temps. Elle nous appris à redevenir parents, à rassurer notre bébé et comprendre pourquoi et comment agir avec lui. Elle a été là dès notre arrivée et a dû gérer les 2 pauvres loques que nous étions. Je ne l’oublierai jamais, ni son sourire de bienvenue, ni ses larmes à notre départ. Elle m’a fait découvrir ce beau métier d’auxiliaire de puériculture. Je suis toujours aussi émue. Merci Marie, merci.
Il y a Nelly, une perle. Elle nous a donné l’impression de la connaître depuis toujours. C’était comme une amie qui passait nous faire coucou dans notre chambre, de jour comme de nuit, et devait sourire malgré nos têtes de déterrés !
Charlotte ! C’est un sacré phénomène. Elle n’est pas là depuis longtemps mais nous a fait tellement rire. Avec elle, plus de chambre d’hôpital, plus de bébés à problèmes, juste des anecdotes hilarantes à se raconter..
Et il y a évidemment toutes les autres, toutes celles qui se sont occupées de nous trois : Sophie, Anne-Laure, Lolotte… et tant d’autres ! Il ne faut pas m’en vouloir si je ne mets pas tous les prénoms, mais je trouve que l’étiquette collée sur le sein gauche c’est malaisant à regarder, enfin pour ma part.
— LE GRAND DEPART —
Puis, le 06 novembre, papa est arrivé avec la poussette en néonatalogie. Nos bonnes fées nous ont aidés à placer correctement notre deuxième merveille dans son siège auto. Nous leur avons laissé des baguettes magiques fabriquées avec mon grand E. pour qu’elles continuent de faire des petits miracles.
Nous avons traversé les couloirs de la néonatalogie, à trois cette fois-ci, avec derrière nous les souvenirs des 2 grossesses, la salle de naissance, les urgences, la grossesse pathologique, les contractions, les échographies, les joies, les chagrins, les soucis, les surprises… Pour laisser place à un avenir à 4, enfin !
rmhnam