Ne pleure pas mon fils !

Il y a toujours des souvenirs qui marquent au fer rouge des moments de nos vies. Ces souvenirs peuvent être bons, réconfortants, mais aussi plus douloureux. Ce sont tous ces moments gravés dans nos mémoires qui font ce que nous sommes, et qui font que je pleure encore, quand je l’écris.

Quand j’étais petite, disons 8 ou 9 ans, je jouais dans la cours de l’école. Ce jour là, les garçons voulaient bien de moi dans leur équipe pour faire une partie de Hand. Quelle joie, c’était si rare… J’accepte volontiers et essaye de montrer que je suis volontaire et forte. On me colle au but ! Moi, la petite nana de 1 mètre de haut avec la force d’un moineau, je devais arrêter des ballons arrivants toute blinde sur moi. Ce qui devait arriver arriva : je me pris un ballon de Hand (ils sont très durs…) dans l’œil ! Intérieurement, je hurlais, je pleurais, je voulais m’enfuir j’avais terriblement honte de ce qui venait de m’arriver. Puis, j’ai vu et entendu tout le monde ricaner, montrer du doigt… À cette époque là les enfants étaient déjà méchants ! J’avais atrocement mal mais jamais au grand jamais je n’aurais voulu étaler cette douleur et faire plaisir à tous ces petits « cons » ! Alors, c’est ce jour là précisément que je me suis dit « ne pleure pas ma fille ! Sois forte ! ». Je n’ai pas pleuré, mais c’est à cause de ce fameux jour que pendant des années je me suis faite marcher dessus.

Il y eut une 2e fois, au collège. Toujours les mêmes gamins exécrables qui étaient toujours dans ma classe (j’aurais donnée tout ce que je possédais pour changer de ville et d’école car dans mon village, ceux qui étaient avec toi en maternelle te suivaient jusqu’au lycée) ont décidé de faire une « blague ». Qu’est ce qu’elles sont drôles ces blagues d’école quand on est une bande de copains et que c’est sympa de martyriser les plus faibles.  Je me suis levée pour aller au tableau, c’était un cours de mathématiques. Puis, en me rasseyant, j’ai senti que le siège de ma chaise accrochait un peu. Comme la dernière fois, j’entendais encore et toujours ces ricanements autour de moi qui n’attendaient qu’une chose : que j’essaye de me lever de ma chaise et qu’elle me reste collée aux fesses… Heureusement, la colle UHU a ses limites. Pour interrompre toutes ces moqueries, j’ai montré que je glissais encore parfaitement sur ma chaise. Cela a eu l’effet escompté, mais encore une fois, je voulais disparaitre… Dans ce souvenir si douloureux, il y eu une petite étoile : mon professeur de mathématiques M. Bel qui a tout de suite compris que quelque chose n’allait pas, est venu me voir, et m’a discrètement demandé si ça allait. Il a vu mes larmes montées (qui montent encore d’ailleurs, 20 ans plus tard en écrivant cet article), mais j’ai serré les dents, et ai répondu que oui, tête baissée… Je n’ai jamais pu le remercier, alors si, par hasard, quelqu’un venait à le connaître, dites lui qu’il restera à jamais gravé dans ma mémoire. En revanche, ce qui me fit le plus mal, c’était de constater que dans cette troupe de merdeux, il y avait une personne que je croyais vraiment être mon ami à cette époque, je me suis trompée.

Ne parlons pas des groupes de filles. ce sont les pires ! Elles disent être tes amies, puis te piquent tes goûter, tous tes goûters et te renient de leur groupe car tu ne veux pas déchirer les pages de ton précieux livre « Spice Girl » que tu as gagné à un concours. Si je pouvais aller les voir une par une et dire à leurs enfants les monstres qu’elles étaient, je pense que je le ferais… Qu’elles aient honte une fois dans leurs vies médiocres elles aussi.

Je fais partie des personnes, et elles ne sont pas nombreuses, qui ont détesté toute leur scolarité ! La seule période sympa fut le BTS car cette fois-ci, c’était moi la plus vieille de tous, et plus rien ne pouvait me toucher. C’est un véritable soulagement quand je peux discuter de cela avec quelqu’un qui a vécu la même chose que moi, de voir que je ne suis pas la seule à avoir pleuré de nombreux soirs, à me cacher dans la cours de l’école, à choisir des vêtements discrets pour ne pas me faire remarquer et qu’on oublie que j’existe.

Évidemment, je ne souhaite cela à personne, et surtout mais surtout pas à mon fils ! Ces mauvais souvenirs font que, quand petit E. tombe, je le relève directement, le fait bouger de suite, et lui dit d’arrêter de pleurer. Quand petit E. s’appuie sur moi à des moments où il risque de se faire très mal si je bouge, je le relève et lui fait comprendre qu’il peut tomber, se faire un gros bobo, et qu’il ne faut JAMAIS faire confiance aux gens, sauf à papa et maman évidemment. Que personne ne l’aidera à avancer et qu’il faudra qu’il fasse son chemin seul. Je sais, c’est dur, mais j’ai tellement mal quand je le vois analyser les autres enfants jouer et ne pas y aller, ne pas se fondre dans la masse.

Enfants de mon village, faites très attention ! S’il y en a un qui touche un cheveu de petit E., il va me voir à la sortie de l’école et les parents avec car, grâce à vous deux, je n’ai plus peur !

**A bientôt**

Charlie

2 commentaires

  1. Article triste, moi j’ai adoré la primaire, un peu moins le collègue et j’ai surkiffé le lycée.

    1. Tu as bien de la chance…je les envie les gens comme toi qui n’ont pas de boule au ventre en pensant à ces années là.

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