La fille que je n’aurai jamais

Quand on m’a demandé ma préférence, je répétais sans cesse qu’une fille me plairait mais peu importe, du moment que ce bébé soit en bonne santé. Et pourtant, j’ai pleuré quand j’ai su que c’était un garçon, le deuxième, le dernier, et que je n’aurai finalement jamais de fille.

— LA RENCONTRE —

Pour notre premier, nous avions su par hasard, lors d’un rendez-vous chez le gynécologue, que nous allions être les heureux parents d’un petit garçon. Mon homme voulait une succession, que son nom ne disparaisse pas, c’était parfait !

Pour le deuxième, nous avons choisi de mettre un peu de piment. Nous ne voulions découvrir le sexe qu’en présence du grand frère. Nous avons donc demandé à l’échographe de l’écrire sur un petit papier et de le glisser dans une enveloppe prévue à cet effet. Une fois rentrés, nous avons préparés l’apéro, et avons demandé à notre petit garçon d’ouvrir cette enveloppe.

— LA CLAQUE —

J’étais à 90% sûre que c’était une fille ! Mais ce fut tout l’inverse. Mon mari était un tout petit déçu sur l’instant, mais fut très heureux dans la minute qui a suivi. Mon petit garçon a poussé un « ouf » de soulagement et nous pouvions voir ses petits yeux briller. Et moi ? Et bien j’ai pleuré, beaucoup pleuré.

J’ai honte ! Tellement honte ! Je me suis cachée dans la cuisine pour que mon fils ne voit pas ma peine. J’ai pleuré sous la douche pour que mon homme ne voit pas à quel point c’était dur pour moi. J’ai pleuré au téléphone avec une amie qui, malgré le fait qu’elle soit heureuse d’avoir 2 garçons, comprenait mon désarroi. Cela m’a fait tellement de bien. Je suis allée lire des blogs de maman ayant vécu la même situation, ce qui m’a permis de me sentir moins monstrueuse.

Je regretterai toute ma vie d’avoir assombri cette belle journée que devait être celle de la découverte du sexe. Mais encore une fois, j’envie les hommes qui se détachent si facilement et avancent avec tellement plus d’aisance que nous en ne portant pas d’importance à des choses auxquelles nous en attachons bien trop, nous les femmes… mais peut-être je ne parle que pour moi.

C’est à cet instant que je me suis prise une claque quand j’ai réalisé que ce serait notre dernier enfant. Jamais je ne saurai ce que l’on ressent d’avoir une petite princesse.

— POURQUOI JAMAIS ? —

Comme vous avez pu le lire dans mon précédent article (PMA, une stimulation simple), nous avons rencontré beaucoup de difficultés à créer ce deuxième petit être. Nous avons perdu 3 années de nos vies et, parallèlement à cela, nous avons vieillis. Je vois comment je vis cette grossesse et je suis bien plus fatiguée qu’à mes 27 ans. Je peine à m’occuper de mon premier et au-delà de ça, mon mari aura 40 ans (moi 39) quand notre deuxième aura 5 ans. Pour nous 40 ans c’est le moment où l’on voyage. Notre premier aura pratiquement 12 ans et commencera à ne plus vouloir de nous. Après je sais qu’il ne faut jamais dire jamais, mais je peine déjà à me remettre d’un 2e garçon, alors imaginez un 3e.

Je sais que je vais mettre en colère bon nombre de personnes. Nous avons énormément de chance que cette PMA ait fonctionné et nous en avons conscience. Je sais qu’avoir 2 enfants c’était tout ce qui comptait pour nous et que je n’ai pas le droit de me lamenter sur mon sort.

— UNE FILLE POUR MOI C’ETAIT —

Une fille pour moi, c’était des coiffures à n’en plus finir, des petites barrettes qui brillent, des baguettes magiques, des sacs à main à lui donner, des chaussures à lui prêter, des secrets de filles et des soirées à se moquer de nos deux hommes à la maison. C’était aussi des combats filles contre garçons au babyfoot, des petites robes à acheter, expliquer ce que sont les règles et comment se protéger.

Certes, j’en suis certaine, nous aurions eu pas mal de conflits. Elle aurait fait plus de câlins à son papa qu’à moi mais j’aurais trouvé cela tellement mignon. Elle aurait certainement eu mon caractère ce qui aurait été très conflictuel…

Je me serais sentie moins seule dans cette maison quand tous les garçons se serrent les coudes pour dire que maman est relou, que maman a tort, que la bouffe n’est pas bonne. Quelqu’un d’autre que moi aurait fâché les garçons qui urinent à côté des toilettes. Je me fais des films, comme toujours, mais j’ai eu 3 ans pour me les faire et 3 ans, c’est long.

Mon mari me rassure en me répétant qu’avec les deux garçons, je serai l’unique princesse et qu’ils prendront soin de moi et me protégeront. C’est tellement mignon. Pour l’instant, ils se contentent de m’appeler « grosse maman » :).

— JE T’AIME TELLEMENT !! —

Bien sûr que je t’aime. Je t’aime déjà, comme ton frère, plus que tout au monde. Je ne peux pas me passer de tes petits coups de pieds dans mon ventre, d’écouter ton cœur battre. Tes hoquets me rappellent que tu es bien là, et tu me rassures.

Et puis, quand on y pense, on galère tellement moins à faire faire pipi à un petit garçon sur le bord d’une route 😉

** A bientôt **

Charlie

9 commentaires

  1. Virginie C. a dit :

    Un article tellement émouvant. Merci!
    Ne culpabilisez pas pour vos ressentis, vos émotions. Nous avons tous le deuil à faire de quelque chose, ce n’est jamais facile. Mais ça permet d’aller de l’avnt <3

    1. Merci beaucoup pour votre commentaire. Ça me touche

  2. Bonjour
    très beau message. Il n’y a aucune honte à avoir tel ou tel ressenti. Nous avons nous les mères tellement de poids social sur nos épaules. Que notre ressenti passe après. De mon coté beaucoup de fausses couches et des moments de conception pas très romantiques mais pas de PMA. Pour mon 1er bb je n’avais pas de préférence, ce fut une fille: super, pour le 2ème impossible de savoir avant tellement le bb était actif tout le monde me prédisait un garçon, à tel point que j’en fus persuadée. Et j’ai eu la même déception que vous lors de la dernière écho, le prénom était choisi et je fus moi aussi très déçue d’avoir une 2ème fille. Quelques années plus tard, j’ai eu la chance d’avoir un garçon la troisième fois…. mais je ne lui ai pas donné le prénom que j’avais tant prévu. J’avait trop désiré ce petit gars dans ma tête. Oui on s’imagine avec nos enfants et avec ce qu’ils deviendront plus tard; Mais si les moments de complicités ne sont pas les mêmes , les moments de tendresses ont été plus forts avec mon garçon. Les bisous à répétition avant d’entrer à l’école, les câlins,.. et un lien très différent de celui avec ses sœurs maintenant qu’ils sont tous adultes.
    Si j’avais eu une 3ème fille j’aurais été très déçue certainement mais la loterie de la vie est aussi magique.
    L’important est d’exprimer son ressenti et de ne pas rester avec une souffrance.
    bon BB à vous

    1. Bonsoir Lola.
      Merci beaucoup pour ce message qui me fait me sentir moins seule. Maintenant qu’il est là, je suis la maman la plus heureuse du monde. Mes 2 garçons sont merveilleux et comme vous le dites, j’aurai des tonnes de câlins fois 2 .
      Évidemment, je garde toujours au fond de moi ce manque quand je vois des vêtements de filles.
      Malheureusement, à moins d’un imprévu, nous n’aurons pas de 3e enfant. La conception et la venue au monde de ce 2e a été bien trop compliquée (article à venir très prochainement) et nous nous sentons incapables de revivre ça.
      Merci encore et à très vite par ici j’espère.

    2. Bsr,
      Je suis dans le même cas que vous. Je suis en fin de grossesse de mon 2eme garçon et même si j aime ce petit être qui pousse en moi et bien… Je crevé de ne pas avoir MA FILLE. autour de moi chaque couple d ami a au moins une fille et j en viens à jalouser ces femmes qui habillent leur petites princesses avec des tenues trop mignonnes, puis je vois tout ce que je vais « louper ». Je n’aurais pas ces conversations sur les garçons avec ma fille, pas ces moments tant espérés avec ma fille en virée shopping, coiffeur ou même cinéma pour nos films « de filles ». J en vient à vouloir faire un troisième enfant alors que je sais parfaitement que c est de la folie. Qu en faisant « ce caprice » je risque de contraindre tout le monde à des restrictions mais comme dit plus haut c est tellement déchirant de me dire que cette petite fille dont j ai tant fantasmé, ne fera jamais ma rencontre.

      1. Moi aussi j’ai souhaité le 3e. Pour diverses raisons, encore trop personnelles pour être expliquées ici, cela ne se fera jamais. Mais en y repensant, qui peut savoir si le 3e serait Un ou Une ???!
        Dernièrement je me suis sentie tellement chanceuse de n’avoir que des petits gars quand j’ai vu ce que c’était une petite puce avec robe et collant : ça remonte tout le temps donc c’est constamment les fesses à l’air !!!
        On se rassure comme on peut hein
        Tenez moi au courant si 3e il y a
        Merci pour votre commentaire et bon courage pour la grossesse

  3. Melimelo a dit :

    Bonjour, cela me fait telement de bien de vous lire….
    Car j’ai déjà eux deux magnifiques garçons enceinte du troisième. Mon mari voulez absolument une fille et rien d’autre. Moi je me suis dit un garçon de plus c sur… Mes finalement pour moi jetait sur que jattendez une fille. Rien à voir avec mes autre grossesse et puis reproduire involontairement le chema familiale que j’ai vécu deux grand frère…. Et moi la sœur.
    Mais la vie a décider que je serais maman de trois beau garçons… Pourtant je suis à presque 5 mois et mon instin me dit malgré tout fille et pourtant les écho montre tout autre choses… Quand j’ai su que c’était un garçons. J’ai pleure pleure de culpabilité car mes 3 hommes souhaiter une fille une petite sœur… Cela feser un moment qu’il me demander une petite sœur. Mais je n’est pu leurs donner. Je suis ronger de culpabilité. Se sentiment m’envahie. Je suis heureuse surtout que mon troisième un parcours fiv… Donc je m’en veu doublement de penser comme sa.
    Mon mari a réussi lui a passer dessus.. Mais moi pas je cache tout. Je dit rien comme si rien ne matteigner et que c’était le bonheur absolu. Alors que je c qu’il va me manquer cette petit fille… Que je n’aurais jamais car nous avons décider d’en avoir trois et non 4… Et que la vie a décider que je n’aurais plus d’enfants naturellement.
    Je m’en veux et j’en veux aussi à ma tête de croire encore en une fille.
    Je me sans folle, mauvaise mère. Et pourtant se petit être dans mon ventre je l’aime déjà temps. Et pourtabt j’arrive pas à me projeter…. Je m’en veux car je ne veux absolument pas qu’il ressente enfin qu’il pense que je ne l’aime pas. Car je l’aime déjà tant. Je passe ma vie à me sentir coupable. A m’en vouloir de tt c sentiment dans ma tête… Je m’en veux de pas vivre cette grossesse comme mais deux première car pour eux jetait sur sur que se serai des garçon et je me suis pas tromper. Et là… Je suis sur de l’inverse et je me trompe….
    Merci pour ce texte que je vais lire souvent pour apaiser ces mots.

    1. Bonjour mélilemo et désolée pour mon retard…
      C’est tellement difficile à vivre, surtout quand on vous répond « te plains pas, t’as déjà de la chance d’avoir des enfants, il y en a qui n’en ont pas »… La culpabilité est décuplée et on se déteste tellement dans ces cas là.. et ceux qui nous répondent ça aussi par la même occasion !!!
      J’ai réussi à passer ce cap. Il m’aura fallu des mois. En revanche, contrairement à toi, je le dis que oui, j’aurais aimé avoir une fille. Mais quand je vois mes deux garçons, leur complicité, et me dire que c’est tellement plus facile à faire faire pipi debout, je suis soulagée !!
      Au final, vous serez l’unique princesse de la maison, comme moi..alors bienvenue dans mon chateau ❤️

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